Dothraki, Klingon, Na’Vi, Sindarin… Ça vous dit quelque chose ?
Publié par Michel Morvan le
Dothraki, Klingon, Na’Vi, Sindarin… Ça vous dit quelque chose ?
Oui, sans doute… Cela évoque pour vous Game of Thrones, Star Trek, Avatar ou Le Seigneur des anneaux ! Car ce sont des langues inventées pour ces œuvres de fiction, des langues qui n’existaient pas avant qu’on ne les fabrique (presque) de toutes pièces pour les besoins de la série ou du film ! Dépayser le spectateur, provoquer un effet d’étrangeté afin d’augmenter son immersion dans un univers fictif, tels sont quelques-uns des objectifs recherchés…
Mais l’inconvénient de ces langues construites, bien sûr, est qu’on ne les comprend pas, et que le spectateur, s’il veut suivre les dialogues, l’action, est tenu de lire les sous-titres affichés dans sa langue !
Fréville, dans son roman Genèse de Fit-ce-Monde, réussit le tour de force d’éviter cet écueil. Par une habile torsion, de quelques mots dans la phrase ou de quelques tournures syntaxiques communes, il crée une langue exotique imagée au parfum d’antan, dont le sens initial s’enrichit de nouvelles connotations, mais que l’on comprend à première lecture !
Un bon exemple valant plus que de longs discours, voici le début du roman :
« La rivière méchantait le pont depuis trois jours. Il avait plu force du treizième au vingtième de Navet. Par surcroît, les déterrements avaient repris du côté des mines de Versevieille, libérant moultes bobettes de cristaux dont la rivière se servait pour attaquer les piles, comme pour venger la montagne. Elle les plantait abruptement dans le bois puis laissait frotter le petit sable de part et d’autre de l’écorniflure. »
Nul besoin de dictionnaire pour, à la fois, se sentir transporté d’emblée dans un univers étrange, mais aussi voir – notre imaginaire piqué au vif par l’iconoclaste écriture créant ses propres fantasmagories, la tempête dévastatrice d’une étrange contrée.
Vous reste-t-il assez de candeur pour apprécier Fit-ce-Monde, terre de traditions obscures, de coutumes bizarres et de fééries quotidiennes ? Une création littéraire naïve, baroque et déroutante, que détesteront les sceptiques et les gagne-petit !
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